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Dans les grandes lignes, il est difficile de ne pas approuver l’auteur lorsqu’il parle de la souffrance animale au fil des chapitres. On sait que les animaux supérieurs sont grosso-modo dotés de systèmes nerveux semblables au système humain. Il est concevable voire évident que la douleur des animaux soumis à la torture et aux mauvais traitements soit très comparable à celle d’un humain soumis aux mêmes contraintes. Que l’animal ne soit pas capable de conceptualiser cette souffrance ne change rien à la réalité de celle-ci.
Singer démonte et invalide l’intérêt fondamental de l’expérimentation animale pour la « science » au service des seuls humains. Ce qui s’est pratiqué ou se pratique encore dans les laboratoires est parfaitement injustifiable d’autant plus que ces usages sont souvent mis au service de buts commerciaux futiles. Peut-on les accepter dans les quelques pourcents d’expériences fondamentales ?
Les cas beaucoup plus lourds de maltraitance accompagnant l’élevage intensif, décrits avec précision pour les volailles, les bovins et les porcs pour ne parler que de ceux-là, sont insupportables. Les mises à mort demeurent encore cruelles. Singer est parfaitement convaincant dans ces aspects-là.
Où les choses dérapent, c’est lorsque la conséquence du continuum physiologique allant de l’homme à l’animal implique une supériorité possible de l’animal sur l’homme dans les cas limites (handicapé mental profond). Pour l’auteur (bien ennuyé), dans ces cas, rien n’empêcherait l’homme diminué de remplacer l’animal supérieur dans l’expérimentation médicale.
L’autre conséquence impérieuse de l’antispécisme conséquent est le véganisme intransigeant. Il ne s’agit pas d’un problème totalement futile comme le voudrait Singer, au pays de la gastronomie. Passer chaque jour de petits repas mixant harmonieusement (et sans excès) viandes, poissons, œufs, produits laitiers, légumes, à un mélange écœurant légumes, légumes, légumes, légumes, légumes n’arrivera pas du jour au lendemain sans préparation du goût dès l’enfance. L’évolution sera plus facile dans les pays anglo-saxons dénués de tradition gastronomique et de l'art du palais.
Le livre de Singer fait un tour philosophique raisonné de la question. C’est bien LA référence incontournable en la matière.
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Si l’on excepte les délires woke évoqués et dénoncés à juste titre par Paul Sugy, le noyau éthique de l’antispécisme est acceptable dans la mesure ou la souffrance et les mauvais traitements des animaux dont le système nerveux traduit la douleur, doit être absolument banni. Donc, pas d’expérimentations animales. Ceci interdit notamment tout confinement (batteries, boîtes, entraves) nécessité par la limitation de coûts de production. L’antispécisme fait donc mauvais ménage avec les lois du marché. Une mise à mort idéale, réellement sans souffrance, est-elle acceptable ? C’est un autre problème. Je n’ai pas encore d’idée tranchée sur la question. Dans les conditions actuelles, cette mort n’est jamais sans souffrance (il faut faire vite pour limiter le problème du coût induit), on est donc ramené au cas précédent.
La reconnaissance de la continuité physiologique homme-animal conduit elle obligatoirement à l’antispécisme ? Si l’on pense que l’homme se caractérise par une composante immatérielle (l’âme immortelle), immatérielle ou d’une matérialité que la science contemporaine n’a pas encore reconnue (Cf. Metaphysicon, J-P Petit), alors on est spéciste. Ceci n’empêche nullement de reconnaître la souffrance animale et d’être un partisan actif de son bannissement. Notez que l’effacement de la distinction homme-animal des antispécistes rejoint celui des transhumanistes pour lesquels les hommes comme les animaux ne sont que des algorithmes … d’une certaine façon, les uns comme les autres sont donc des machines rudimentaires que l'IA et la logique câblée au silicium rendra semblables à Dieu (Homo Deus, Harari).
Une courte interview de Peter Singer : https://youtu.be/lhO2RGarWgs
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