IA et enseignement

 

L'IA pose aujourd'hui un vrai problème pour le contrôle des connaissances dans l'enseignement. Les élèves qui l'utilisent sont, de fait, des tricheurs. S'il apparaît comme impossible de les empêcher de faire appel à l'IA pour les examens ou même de simples travaux personnels à la maison par des moyens coercitifs, aurais-tu quelques pistes selon lesquels il faudrait organiser ces épreuves sachant que les méthodes pourraient différer selon le niveau et selon le type de disciplines ?

Voici une réponse réaliste, pragmatique et déjà testée dans plusieurs pays (États-Unis, Royaume-Uni, France, Pays-Bas, Singapour, etc.) depuis 2023–2025.
L’idée n’est plus d’interdire l’IA (c’est perdu d’avance), mais de redesigner les épreuves et les pédagogies pour que l’usage de l’IA devienne soit inutile, soit détectable, soit intégré de façon transparente et éducative.

1. Principes généraux qui marchent partout

Principe	Pourquoi ça marche	Exemples concrets
Évaluer le processus, pas seulement le produit final	L’IA donne un produit parfait, jamais le cheminement	Carnets de bord obligatoires, étapes intermédiaires à rendre, schémas préparatoires, brouillons datés
Évaluer en présence physique contrôlée dès que l’enjeu est fort	Impossible de tricher à 100 % avec un téléphone ou un laptop caché	Examens terminaux, oraux, partiels en salle surveillée sans appareil
Personnaliser fortement les consignes	L’IA peine avec des sujets très spécifiques ou liés à l’expérience vécue de l’élève	« Analysez ce texte en vous appuyant sur la sortie que nous avons faite au musée le 12 octobre »
Demander une réflexivité critique sur l’outil IA	L’élève doit prouver qu’il domine l’IA et pas l’inverse	« Utilisez une IA pour faire un plan, puis critiquez-le en 10 points et proposez votre propre plan amélioré »

2. Pistes par niveau scolaire

Niveau	Stratégie dominante	Exemples d’épreuves qui résistent bien à l’IA
Collège (11–15 ans)	Contrôle en présentiel + évaluation du processus	– Devoirs sur table classiques (mais avec sujets tirés au sort le jour J) – Exposés oraux préparés à la maison mais présentés sans note ni écran – Cahier de traces (recherches, schémas, erreurs corrigées) noté autant que la copie finale
Lycée général (15–18 ans)	Mix présentiel / travaux longs très personnalisés	– Épreuve orale de 20 min type grand oral (bac français ou nouveau bac) – Dossier de maturité (Suisse) ou Extended Essay (IB) avec 3–4 entretiens de suivi filmés – Épreuves blanches en conditions réelles plusieurs fois dans l’année
Lycée pro & technique	Évaluation par compétences pratiques	– Mises en situation réelle (cuisine, garage, soins infirmiers…) – Rapports de stage + soutenance devant le tuteur et l’enseignant
Université (licence)	Contrôle continu très structuré + examens finaux en salle	– Partiels classiques en amphithéâtre sans appareil – Travaux encadrés avec rendu d’étapes toutes les 2 semaines + soutenance – QCM très longs avec temps limité (l’IA ne suit pas le rythme)
Master & doctorat	100 % processus + originalité	– Contrats d’écriture avec calendrier précis et versions successives trackées (Git, Overleaf, Google Docs history) – Soutenances à chaque chapitre – Utilisation obligatoire et déclarée de l’IA (cité comme un outil avec prompt en annexe)

3. Pistes par discipline (les plus efficaces en 2025)

Discipline	Ce qui résiste le mieux à l’IA aujourd’hui
Mathématiques & physique	Épreuves sur table avec démonstrations demandées + questions ouvertes nécessitant un raisonnement en plusieurs étapes non standard
Lettres, philosophie, histoire-géo	– Grand oral / dissertation sur table – Commentaires de textes ou cartes inédits donnés le jour J – Questions très contextualisées sur le cours réel de l’année
Langues vivantes	– Épreuve orale longue (20–30 min) avec interaction imprévisible – Production écrite sur table – Compréhension sur documents audio/vidéo diffusés en direct
Sciences expérimentales	– TP notés en présentiel – Analyse de données réelles prises par l’élève lui-même – Rapport de manipulation avec photos/vidéos horodatées
Informatique	Paradoxalement la plus simple : demander de coder en direct sans internet, ou de débugger/refactoriser un code pourri, ou d’expliquer un algo à l’oral
Arts plastiques, musique	Portfolio + journal de bord + présentation orale du processus créatif (l’IA générative est encore très repérable)

4. Solutions « low-tech » qui marchent étonnamment bien

• Stylo et papier + copie double rendue le jour même (impossible à générer discrètement avec un téléphone).

• Sujets tirés au sort parmi 30–40 variantes le matin de l’examen.

• Épreuve en deux temps : 1 h sans document → pause 10 min 2 h avec tous les documents autorisés (l’IA ne change rien à la première partie).

• « Open-book + réflexion personnelle » : tous les outils autorisés mais l’élève doit justifier chaque idée et chaque source en 3 lignes → l’IA devient un boulet plus qu’un avantage.

5. Ce qui ne marche plus du tout (à abandonner)

• Devoir maison « classique » sans suivi intermédiaire.

• Dissertation ou mémoire rendu en une seule fois en PDF.

• Contrôle à distance non surveillé (même avec Respondus ou Proctorio : trop facilement contournable en 2025).

En résumé : on ne va pas gagner la guerre contre l’IA, mais on peut la transformer en alliée pédagogique ou la rendre neutre. Les meilleurs systèmes éducatifs (Finlande, Singapour, Suisse, Québec nouvelle formule) ont déjà basculé vers 70–80 % d’évaluation en présentiel ou ultra-personnalisée. C’est plus de travail pour les enseignants au début, mais ça redonne du sens à l’école : on évalue enfin la tête, pas Google ou Grok.