dimanche 9 février 2020

La Cité antique

...  de Fustel de Coulanges. Note de lecture.

Exemplaire trouvé à la décharge ...

Cet ouvrage célèbre publié en 1864 demeure une référence en la matière. Nul doute que l’auteur se soit appuyé sur la quasi totalité du corpus gréco-latin qu’il a lu dans le texte. Les nombreuses citations - non traduites – sont là pour l’attester. De ces 480 pages bien tassées, j’ai retenu trois thèmes :

1) Le premier est celui de la ‘société close’, celle que Karl Popper oppose à la société ouverte qu’il promeut dans l’un de ses ouvrages [1][2]. Les sociétés grecque et romaine archaïques portent les traits de la vieille société aryenne de l’Inde ancienne (avant les Védas) même si les formes politiques qui les coiffaient étaient très différentes les unes des autres. La cellule sociale primitive de base était la famille patriarcale organisée autour du culte de ses morts sur un territoire borné inaliénable. Les morts était en effet ses dieux protecteurs (cf. lares, pénates) auxquels un culte exigeant et minutieux devait être rendu sans interruption afin qu’ils ne deviennent pas des âmes errantes maléfiques. Le père de famille, l’aîné de sa branche, incarnait à la fois le pouvoir politique local absolu sur tous les membres de la famille – avec droit de vie et de mort sur ses enfants - et le rôle de grand pontife. Ulysse ou Énée en donnent une bonne image. Les branches cadettes lui étaient soumises tout comme les « clients » héréditaires de la famille (distincts des esclaves). Les femmes étaient dominées. La liberté individuelle est étrangère à cette forme d’organisation. Toute la société était structurée autour de cette religion locale, ses dieux, ses rites, son foyer, son autel. En cas d’absence de descendance mâle, la succession pouvait (devait) passer à un cadet, ou à un fils adoptif (agnat). La pérennité du culte devait toujours être assurée avant tout. Hors de la famille, point de salut ! Cette forme sociale s’est ensuite étendue à des entités plus vastes (gens, fratries, cités). Les dieux personnalisant les forces naturelles (Zeus, Apollon, etc.) sont apparus tardivement.
Pour des auteurs traditionalistes comme Julius Evola la confusion entre le pouvoir politique et le pouvoir sacerdotal caractérisait l’Age d’Or [3].  Evola en donnait l’origine chez de mythiques peuples nordiques (Thulé). En fait, l’existence de cette société magique et close est plus prosaïque et plus proche de nous puisque qu’on la trouve à l’origine de sociétés méditerranéennes dont nous sortons : Athènes et Rome.

2) Le pouvoir des chefs de familles a été remis ensuite en question par les branches cadettes puis par leur clientèle populaire (création des tribuns du peuple à Rome). Les vieilles religions familiales se sont éteintes en devenant des systèmes de rites incompréhensibles auxquels plus personne ne croyait. Cela a donné lieu à des luttes parfois sanglantes entre patriciens et plébéiens, aristocrates et pauvres. C’est sur ce terreau de désagrégation de la société close que les grecs ont inventé les différentes formes de gouvernances au niveau des cités : royautés, tyrannies, aristocratie, démocraties, … Le point intéressant est le suivant : à partir d’une certaine époque les inégalités de richesse croissantes ont effacé les contours des anciennes castes lorsque des gens riches issus de la plèbe sont devenus plus puissants que les anciens aristocrates. On constate donc ici ce qu’on voit aujourd’hui chez nous : les inégalités trop importantes de richesses détruisent la société.

3) Le christianisme a signé l’arrêt de mort de la société close antique avec ses dieux privés locaux malveillants en promouvant un dieu unique d’amour universel. La confusion entre pouvoir temporel et spirituel a été cassée même si l’Église a tenté de la restaurer avec un succès inégal quelques siècles plus tard. Les valeurs morales du christianisme sont sans rapport avec celle de la société close primitive .

Climat : d'après la professeure Valentina Zharkova de l'Université de Northumbria, la terre pourrait rentrer dans un "petit âge glaciaire" de 30 ans en raison d'un "Grand Minimum Solaire" [Ref]. Cette scientifique d'origine ukrainienne n'est pas vraiment une spécialiste de la question. Voyez son CV.


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