Si Karl Popper n’est pas l’inventeur de l’expression 'société ouverte', il est à l’origine de sa définition actuelle : « J’appelle société close la société magique ou tribale, et société ouverte, celle où les individus sont confrontés à des décisions personnelles » (p. 199).
Sa première cible est Platon qui fait l’objet du tome I de l’ouvrage. Ce volume fait 342 pages dans la présente édition, mais un tiers du livre est consacré à des notes assez copieuses pour être considérées comme des scolies. Elles peuvent être ignorées en première lecture.
Déconstruire la pensée de Platon peut paraître une gageure -la barre est haute- mais l’auteur démontre de manière assez convaincante que le philosophe a souvent utilisé des procédés malhonnêtes pour faire paraître comme socratiques (démocratiques et humanistes) des idées qui en étaient les opposées. Platon illustre pleinement la vision historiciste qui fait horreur à Popper. La société est régie par des lois objectives qui la mène depuis l’âge d’Or, celui où le dieu Cronos gouverne le Monde jusqu’à l’âge de Fer des humains au cours d’une grande année cosmique de 36000 ans. La société de l’âge d’Or est parfaite, immobile (l’immobilité est un attribut du divin, donc le Bien), et tout mouvement constituera une dégénérescence fatale (le Mal). La société platonicienne est une société de classe (ou de castes) : au sommet de la Cité les gardiens, juste au dessous les guerriers et tout en bas le peuple esclave. La justice doit veiller à ce que chacun reste dans son rôle et y trouve son bonheur (!). C’est une société patriarcale, raciale et collectiviste : femmes et enfants sont mis en commun. Il est difficile de ne pas y voir l’archétype des systèmes totalitaires modernes. Il faut passer au crible les livres de Platon pour comprendre les procédés rhétoriques habiles qui ont amené depuis 2000 ans au pinacle de l’humanisme, avec récupération par l’Église, un penseur qui était d’abord le porte-parole d’une oligarchie implacable cachant souvent son jeu.
Dans les derniers chapitres, à la lumière de ces idéologies, Popper expose les luttes politiques entre les démocrates comme Périclès et les oligarques partisans de Sparte comme Critas pendant la guerre du Péloponnèse. A cette époque déjà, les politiciens n’étaient pas francs du collier. Pour l’auteur, l’affrontement entre partisans de la société ouverte (individualiste) et ceux de la société close (tribale) forme l’enjeu majeur de l’humanité. Grand texte. A lire absolument même (et surtout) si on n’est pas sorosien.
D'après un commentaire rédigé pour Amazon sous le titre 'Platon démasqué'.
D'autres miscellanées
Fake New ? L'extinction massive des espèces est une fausse information d'après Patrick Moore, cofondateur de Greenpeace (Delingpole: Mass Species Extinction Is Fake News, Says Greenpeace Co-Founder Patrick Moore) Cf. Breitbart New, 23 mai 2019. L'info est un peu défraîchie, mais puisque c'est lui qui le dit ... même si c'est déclaré sur un site d’extrême droite. Je me souviens d'avoir donné le lien du rapport de l'ONU mis en cause [ici].
Au départ, le colonialisme est une idée de gauche : https://bernardlugan.blogspot.com/2019/12/que-pourrait-avoir-voulu-dire-emmanuel.html La gauche actuelle semble l'avoir oublié.
Destruction de la famille. Les USA ont le plus fort taux mondial d'enfants vivant dans un foyer monoparental : https://www.pewresearch.org/fact-tank/2019/12/12/u-s-children-more-likely-than-children-in-other-countries-to-live-with-just-one-parent/ (pewresearch). Un trait avancé de la société ouverte ? Quel progrès !
L'ACLU (American Civil Liberty Union) demande la mise à disposition de tampons hygiéniques dans les salles de repos pour hommes : https://www.aclu.org/news/lgbt-rights/menstruation-related-discrimination-is-sex-discrimination-we-dont-need-to-erase-trans-or-non-binary-people-to-make-that-point/ Eh oui, maintenant, les hommes peuvent avoir leurs règles. Quel progrès !
Visualisation des centrales à charbon dans le monde : 1927-2019. https://www.zerohedge.com/health/visualizing-every-coal-power-plant-world-1927-2019 Pauvre Greta, tu n'as pas fini de pleurer !
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