jeudi 22 août 2019

Qui mène la danse ?

'Nous sommes un empire maintenant, et lorsque nous agissons, nous créons notre propre réalité. Et pendant que vous étudiez cette réalité, judicieusement comme vous le souhaitez, nous agissons à nouveau et nous créons d’autres réalités nouvelles, que vous pouvez étudier également, et c’est ainsi que les choses se passent.' (Citation attribuée sans preuve formelle à Karl Rove)

Malgré son origine douteuse, cette citation emblématique de l’hybris impériale pourrait bien s’appliquer à l’élite mondialiste. Elle veut souligner l’inutilité de tous les efforts de l’humanité pour démasquer ses maîtres et les combattre. En un mot, l’oligarchie est maîtresse de la définition ; c’est cela qui lui donne un avantage décisif sur la multitude. Réfléchissez bien à cela. En France, face aux revendications légitimes des Gilets Jaunes, le régime à montré que 'there is no alternative' (TINA) à coup de LBD. Les médias main stream 100 % fidèles au pouvoir ont applaudi. Ceci suffirait déjà à nous casser le moral, mais voila que les médias alternatifs en rajoutent une couche mortifère en nous prenant à revers : LA crise qui fera paraître celle de 1929 comme une promenade dans un parc se rapproche. Pour commencer, les banques vont nous faire les poches. L’effondrement social puis l’effondrement civilisationnel suivront. La catastrophe climatique viendra un peu plus tard : ce sera la voiture balai pour ce qui restera debout, à moins que nous n’acceptions dès aujourd’hui de nous plier aux injonctions d'un certain climato-fascisme ambiant dont l’efficacité est tout sauf prouvée. Ce discours sous-entend une réalité :  l’État qui a perdu sa souveraineté ne nous protégera pas.

Mais la souveraineté, c’est bien ou c’est mal ?

Un État est souverain lorsqu’il a entièrement la main sur sa politique intérieure et extérieure. Ceci implique notamment qu’il soit maître de sa monnaie, de ses frontières, de sa diplomatie, de ses moyens de défense et de ses grandes industries. En dehors de l’Empire américain, cela laisse peu d’exemples significatifs aujourd’hui. Restent : la Corée du Nord certainement, ensuite la Russie, la Chine, l’Iran et Cuba bien que la finance internationale y mette sans doute son nez via la BRI (Banque des règlement internationaux).

La souveraineté ne préjuge rien en matière de régime politique. Si l’État est « démocratique », sa structure semble transparente et entièrement régie par la constitution et les lois du pays. En fait, il n’en est rien. Une partie de l’État est invisible et régie par ses propres règles non écrites. On parle ici d’ « État profond » (deep state). Celui-ci est plus ou moins développé. Il est obèse dans le cas américain. Voyez « L’État profond Américain ; la finance, le pétrole et la guerre perpétuelle» de Peter Dale Scott. Demi-Lune edit. 2015. 429 pp. Lorsqu’un État est souverain, il exerce ses pressions via son État profond sur ses vassaux, cela lui permet tous les coups bas. Lorsqu’il n’est pas souverain, les pressions externes sont transmises sur le gouvernement légitime via l’État profond. Le public ne doit rien savoir sinon il s’affolerait. La souveraineté ne garantit pas les libertés individuelles, mais il semble clair que les libertés individuelles sont précaires au sein de tout État vassalisé. Et pourtant, pour de nombreux dirigeants (Merkel, pape François), la souveraineté est un mal.

Si la politique locale nous échappe, alors qui mène la danse ? 

Les choses se compliquent en effet lorsque qu’on cherche à comprendre le fonctionnement interactif global des structures financières mondialistes BRI, FED, City, BCE, FMI, etc. mais aussi des entités issues des États mais distinctes de ceux-ci comme l’OTAN. Il faut ajouter à cela le foisonnement d’ONG diverses et variées en commençant par l’ONU, ses consœurs et les multinationales. J’ai trouvé pertinent de distinguer trois axes de pouvoir (mondialiste, atlantique et libéral) susceptibles de se renforcer, de coopérer mais parfois de s’opposer localement. On peut ainsi parfaitement imaginer l’avènement d’un monde globalisé plus vraiment libéral (capitaliste) dans lequel les USA auraient été sacrifiés sur l’autel d’un gouvernement mondial. C’est une thèse portée par l’essayiste Brandon Smith sur Alt-Market.

Derrière ces sigles, il y a des hommes de pouvoir. On peut donner des noms, mais ça n’avance à rien. Couplé au pouvoir , il y a la richesse : 26 individus (ou familles) possèdent autant  que les 50 % les plus pauvres de l'humanité (Ref.).  Il existe une oligarchie ; le mot ne doit pas être réservé qu'aux oligarques russes. Elle est stratifiée car 26 hommes seuls ne peuvent rien faire. Si chaque milliardaire s’appuie sur 100 personnes -moins puissantes- qui s’appuient elles-mêmes chacune sur 100 autres personnes et ainsi de suite, ça peut finir par faire du monde mais 0,01 % de l’humanité ne représentent jamais que 750000 personnes disséminées sur la planète. L'oligarchie est divisée : occidentaux, russes, chinois et indiens jouent encore chacun dans son camp. Heureusement !

Une question : quelle est la feuille de route de cette classe cosmopolite privilégiée ? Quel est son but ? A quelle sauce veut-elle nous manger, nous citoyens ordinaires ? Cherche-t-elle à ramener la population mondiale au dessous de 500 millions d’individus par un moyen ou un autre comme l’affirment les inscriptions malthusienne des mystérieuses Guidestones de Géorgie ? Si nous devions nous en faire une idée à l’instant par ce qui se dit et s’écrit, nous serions submergés par des milliers de livres et des millions d’articles ou d’items audio-vidéo. Le scientifique peine lui-même à lire l’essentiel des articles de référence de son domaine hyper-spécialisé pour produire des idées nouvelles. En fait, nous ne pouvons rien savoir d’essentiel. Et même si nous disposions des meilleures analyses -nécessairement contradictoires-, nous ne saurions en faire la synthèse. Nous sommes noyés dans le trop plein d’information. Ce blog modeste y contribue malheureusement. Peut-être qu’une IA saura démêler tout ça un jour  : après tout, ce n’est qu’un problème de traitement sémantique un peu lourd.

Des entités à la vie longue

Considérons ensuite la pérennité du pouvoir dans l’histoire. Les familles dominantes sont pérennes sur le temps long. Elles survivent souvent aux changement sociaux les plus drastiques et traversent les siècles en apportant leurs concours à des entités morales dont la durée de vie dépasse largement celle de la vie humaine. C’est une moyenne qui n’empêche pas que des empires industriels puisse naître d’un individu à la fois pauvre, intelligent et chanceux ou à l’inverse qu’une lignée royale entière disparaisse dans la violence révolutionnaire. Intéressons-nous à ces entités plutôt qu’aux individus. Nous y trouvons les structures religieuses et maçonniques, peut-être les très grandes entreprises, les méga-banques, les corporations, les sociétés secrètes, etc. et bien sûr l’État monarchique héréditaire lorsqu’il survit encore aux assauts des forces démocratiques ou révolutionnaires. Là se tapit le pouvoir pérenne,  insensible à la précarité des vies individuelles. Si nous voulons vraiment mettre le doigt sur les projets que fomentent ces élites contre la multitude, limitons notre attention aux émanations de ces entités : l’histoire événementielle est purement symptomatique. Seuls ceux dont la vie se mesure en siècles savent où l’on va. Ce n’est pas une vision complotiste mais une vision systémique du monde. Un exemple : L'histoire secrète de l'oligarchie anglo-américaine de Carol Quigley. Retour aux sources edit. 2015. 454 pp.

Revenons aux temps présents où l’on découvre un beau matin que l’État endetté, émasculé, vassalisé, vend peu à peu tous ses ‘bijoux de famille’, que l’argent liquide doit disparaître au profit des banques (ou des DTS du FMI pour faire plaisir à Brandon Smith) tout comme la famille patriarcale multimillénaire, itou les frontières afin que les africains puissent facilement s’installer chez nous parce « nous » leur devons bien, que le sexe reproducteur est moins légitime que la partouze sadienne -le nier publiquement est un délit-, que l’Église Catholique soit devenue un repaire de pédophiles et qu’il faudra bientôt payer pour respirer et exhaler du CO2.

Ces joyeux sophismes que l’on nous vend au nom de la commodité, de la modernité, de la justice, de l’écologie, de la laïcité, de la liberté, de l’égalité, de la fraternité des frères la truelle et d’une façon générale des droits de l’homme sont apparus en une nuit historique comme des champignons dans une clairière après la pluie. Ils nous sont imposés brutalement comme nous ont été imposées les guerres de la République depuis 1789. Nos politiciens sont trop mauvais et trop dépourvus d’imagination pour concocter  et mettre aussi rapidement en œuvre des politiques si efficacement dédiées à la destruction de l’ordre ancien car nos dirigeants sont de simples larbins engagés pour un CDD de cinq ans renouvelable une seule fois.

Il est vraisemblable et même nécessaire que ces politiques aient été conçues et planifiées de longue date par des entités oligarchiques disposant pleinement du temps long historique. Ceci ne pourra jamais être prouvé : elles ont la maîtrise des réseaux, du langage et du passé ; elles disposent en outre de multiples officines spécialisées en matière d’ingénierie sociale pour créer leur propre réalité [Lippman, Bernays]. 

Mais alors, où nous mène-t-on ?

Il est curieux de ne pouvoir répondre avec certitude à cette question cruciale. 
Mais personne ne nous empêchera de construire logiquement nos propres narrations à partir des hypothèses présentées ci-dessus. Nous avons des intuitions concernant l’identité des acteurs principaux et nous pouvons nous laisser guider par quelques principes réalistes (cui bono?) avant de former des scenarios alternatifs, histoire de donner le change à la propagande ambiante même si nous ne sommes sûrs de rien. L'intuition -à démontrer- selon laquelle nous nous dirigeons vers une société menée par des minorités dégénérées, les clowns de l'oligarchie, me semble valable.

Nous pourrions enfin nous réjouir de voir enfin sombrer le système actuel. Mais ne jubilez pas trop vite : ce naufrage fera vraisemblablement beaucoup de victimes collatérales dont vous pourriez bien faire partie et en outre, vous ne pouvez connaître le type de système qui remplacera le présent. Rien ne dit qu’il sera meilleur et d’ailleurs rien ne dit non plus que l’effondrement qui vient ne soit pas programmé par ceux qui prétendent créer leur propre réalité à notre intention.

Aladin

Sur le même sujet : Qu’est-ce que la Super Classe Mondiale qui nous dirige ? Essai de Michel Geoffroyhttps://www.polemia.com/super-classe-mondiale-dirige-10-points-rediff-2/ 

Jeremy Désir-Weber, Un jeune cadre de HSBC démissionne en publiant une lettre ouverte de 57 pages sur l’incompatibilité entre le capitalisme financier actuel et la lutte contre le changement climatique. https://www.fichier-pdf.fr/2019/07/29/meschersamis/meschersamis.pdf   C'est bien temps !


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