... d'Eric Sadin
Ce livre brosse avec beaucoup de brio l’évolution de la psychologie de l’homme occidental depuis les années cinquante jusqu’à nos jours. Cela commence par l’optimisme progressiste des trente glorieuses : le pouvoir politique débarrassé de ses composantes malodorantes d’avant-guerre retrouva à ce moment une certaine virginité qui lui redonna de la crédibilité. Cela dura jusqu’en 1973, mais en France, l’illusion se prolongea jusqu’en 1983 (tournant de la rigueur) où le politique commença à perdre irréversiblement la confiance du peuple. Le délitement politique, économique et moral de nos pays crût alors de pair avec l’apparition de deux innovations majeures complémentaires : internet et la téléphonie mobile. Il en résulta alors un émiettement extrême des consciences individuelles qui se donnèrent alors comme mesure ultime de toute vérité et de toute légitimité au détriment d’un bien et de buts communs.
Le problème de Sadin, c’est qu’il s’en tient là. Il laisse penser que le processus s’est déroulé naturellement, poussé par les lois de l’économie et l’innovation technologique. Il juge sans doute comme pur complotisme l’idée qu’une oligarchie mondialiste de plus en plus riche et de plus en plus puissante puisse avoir peu à peu pris la main depuis près d’un siècle sur l’évolution de nos sociétés afin d’imposer une politique globale eugéniste entièrement sous contrôle. Que des entités comme BlackRock ou Vanguard puissent être plus plus puissantes que les États, que le WEF et McKinsey aient entièrement soumis les gouvernements, que la culture Woke sortie de nulle part soit désormais soutenue par des organisations aussi notables que l’UE, l’ONU ou l’OTAN, tout ça ne joue aucun rôle dans son raisonnement. De la même façon, la crise sanitaire, objet des derniers chapitres est considérée sans recul, sans regard critique. Dommage tout de même.
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