... un éternel recommencement.
Les philosophes auraient eu leurs mots à dire dans cet exposé, pour n’en citer que deux (classiques) : Husserl, Leçons pour une phénoménologie de la conscience intime du temps, et Nobert Elias, Du temps. Dommage, leurs textes n’ont pas été convoqués au débat. Concernant le temps de l’histoire humaine, les récentistes – même si l’on est pas d’accord avec eux – ont soulevé des lièvres qui sont tout de même d’un autre gabarit que les picosecondes relativistes relevées par les physiciens.
Les peuples ont longtemps utilisé des événements particuliers (fondation de Rome, Genèse), ou récurrents (olympiades, règnes, dynasties) pour établir leurs chronologies sur les temps longs. L’Église a mis des siècles pour calculer et imposer son « Anno Domini », l’année du Seigneur, à savoir le nombre d’années séparant un événement de la naissance du Christ, en bref, le numéro d’année que nous utilisons sans jamais en remettre en question la précision. Ce travail avait été initié par Dionysius Exiguus vers 525, mais la compilation événementielle officielle de l’Église est surtout due à Joseph Scaliger (1540-1609) et Dionysius Petavius (1583-1652). Des chercheurs comme Anatoly Fomenko mettent fortement en cause la validité de cette chronologie que nous utilisons toujours et au jour de la semaine près. Des erreurs (volontaires ou non) portant sur plusieurs siècles y auraient été commises ; on soupçonne quasiment le moyen-âge d'avoir été inventé pour masquer la transition rapide entre l'antiquité et la renaissance. Une absence bien fâcheuse dans cette histoire de temps. Sur ce sujet, voir aussi les travaux de François de Sarre qui ont le mérite d'être en français.
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Passé, présent et futur sont peut-être une illusion. Chaque instant existe en permanence, associé à la mémoire des autres. La causalité est un enchaînement spatial. Tous les présents se valent, ils ont la même réalité. La mémoire du passé n'est que le reflet d'un autre moment. L'autre moment est vécu "ailleurs" dans un présent qui n'est pas moins intense que celui que je vis ici et maintenant en tapant ce texte. Il existe une asymétrie d'information, mais pas d'intensité du vécu. Il n'y a que des présents. Saint Augustin l'avait déjà pensé dans ses confessions (Livre XI, chapitre XI et suivants).
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