Pour faire court, la gauche alors minoritaire, souvent adossée à la puissance du bloc soviétique était le camp des prolétaires (ouvriers, employés salariés). Aujourd’hui, elle est indéniablement dominante dans les médias (et d'une façon générale dans les appareils idéologiques d’État et les institutions internationales) et justifie l’oppression oligarchique ; les gesticulations des ‘anti-fas’ n’y changeront rien. Face à elle, l’opposant prolétaire ou non, ostracisé par le mot ‘populiste’ est affublé de tous les défauts : raciste, sexiste, homophobe, donc fasciste et antisémite. La crise des gilets jaunes est à ce propos emblématique. L’ancien équilibre gauche-droite a explosé. Repousser l'analyse en imaginant l'existence mythique d'une "vraie gauche" exempte des tares du système ne mène à rien. Il faut sortir du déni.
Un essayiste -ancien communiste- a bien étudié les fondements cette inévitable métamorphose : il s’agit de Jean-Claude Michéa. Son ouvrage clé est ‘L’Empire du Moindre Mal/ Essai sur la civilisation libérale’ [EMM] paru en 2007. Depuis, Michéa a pas mal écrit mais, mais ses ouvrages postérieurs n'ont fait qu’approfondir les points mis en exergue dans EMM. Michéa est prudent : il est allé aussi loin que pouvait s’exprimer un auteur qui ne veut pas être expulsé des médias officiels. Il doit éviter la 'soralisation'.
La pensée de Michéa est logiquement très bien structurée. Les parenthèses ouvertes sont toujours soigneusement refermées, et l'usage discret de balises {si/alors/sinon} au fil des phrases permettent un suivi quasiment algorithmique du texte. Les développements font systématiquement l'objet de scolies renvoyées en fin de chapitre pour ne pas casser le fil du raisonnement. Je vais donc résumer en moins d’une page le développement de son discours sur l’amoralité libérale.
Pour JCM, libéralisme économique et libéralisme politique sont liés comme les deux faces d’une même pièce. On ne peut les séparer (contrairement à ce qu’on pensait couramment autrefois). C’est un projet radical de transformation de l’ordre humain. Ce projet moderniste ni conservateur (n’en déplaise aux gauchistes), ni révolutionnaire devait d’abord éradiquer l’ordre ancien (royauté, catholicisme). S'appuyant sur les sciences expérimentales qui lui ont offert la notion de Progrès et l’illusion qu’on pouvait appliquer la physique de la nature à la société, il réalisé cet objectif en moins de deux siècles. Le moteur de cette mutation idéologique est fortement alimenté par le traumatisme des guerres civiles (guerres de religions) des XVIème-XVIIème siècle. Idée de Progrès et désirs de paix se sont liés. L’image du guerrier et son désir d’héroïsme est peu à peu remplacée par celle du bourgeois et son désir de repos (On retrouve cette idée chez Fukuyama dans son célèbre essai 'La fin de l'histoire et le dernier homme).
Ensuite JCM expose les trois axes du libéralisme philosophique : la rationalité s’appuie sur la Science, l’économie sur le Marché et la politique sur le Droit [EMM p.67]. Désormais, le Juste prévaut sur le Bien en s’appuyant sur un Droit purement pragmatique. L’État ne doit plus être qu’une administration technique des choses appliquée aux humains. En s'étendant à l’infini, les droits individuels ont généré une nouvelle guerre de tous contre tous par avocats interposés. Ils ont conduit l’État à la nécessité infinie de légiférer sur tout. Pour Frédéric Bastiat (première moitié du XIXème), la solidarité ne doit pas être appliquée par la loi et doit rester une pratique privée… et là où le Droit est inopérant, le libéralisme doit s’appuyer sur le Marché et sa 'main invisible' (Adam Smith) pour résoudre harmonieusement tous les problèmes humains conflictuels conformément à l’idéal du « doux commerce » pièce maîtresse de la philosophie des lumières et fondement de l’économie politique naissante. Pour tous ces gens, la paix résultera obligatoirement de la liberté du commerce. Libéralisme économique et libéralisme politique se mêlent ici intrinsèquement. Ensuite, grâce à ces dispositions, la richesse viendra à tous, même aux plus démunis, grâce à la croissance infinie et la concurrence libre et non faussée [EMM p.59]. Voila les fondements de la religion libérale. Bien sûr, ça ne marche plus (si ça a jamais marché). Il est clair que pour les pères de cette idéologie, l'expression 'guerre économique' ne pouvait être qu'un oxymore.
La croyance en la technologie créant le Progrès (matériel), donc la croissance de la richesse et par delà le bonheur de l’humanité (le Paradis terrestre), c’est bien l’Idéal de la Science qui nourrit l’imaginaire de l’intelligentsia occidentale de par son projet d’organisation scientifique de la société (communiste ou libérale). Ce sont là les dogmes que cette même intelligentsia impose désormais au monde entier. La morale n’a aucune place ici : ce concept -jugé même comme ‘effrayant’ par certains- étant remplacé par une gestion purement technique des choses [EMM p.79], et pour chacun, un simple modus vivendi basé sur la tolérance dans le cadre d’une ‘Société Ouverte’ (Soros) ; ce sera jugé suffisant pour s’accommoder des autres. Cette éthique de substitution est une sorte de stratégie du moindre mal. L’État libéral devra veiller en permanence à séparer soigneusement l’exercice du pouvoir politique de toute considération morale ou religieuse. Cela le conduit notamment à briser les résistances culturelles (les archaïsmes) des populations [EMM p.96]. En outre, pour les libéraux, une telle société ne peut bien fonctionner que si les individus abandonnent toute prétention à agir moralement pour se conformer à leurs intérêts bien compris de consommateur (comme dans la fable des abeilles de Bernard Mandeville). Les individus doivent renoncer volontairement à toute perfection morale. La république n'a pas d'éthique, elle n'a que des 'valeurs' trompeuses et bien superficielles.
On reconnaît bien dans l’analyse de JCM la société contemporaine dont les traits se sont encore accentués depuis la sortie du livre. La crise migratoire, la montée en puissance des lobbys féministes, LGBT, juifs, etc. créent des désordres dont l’État peine à gérer les débordements par le foisonnement de nouvelles lois. Si la guerre de tous contre tous n’a pas encore fait beaucoup de victimes en occident (pour l’instant on ne parle ici que des débordements de « haine » promu concept à la mode), l’atmosphère commence sacrément à empester. Voyez à ce sujet les documents illustrant le précédent article sur 'la société pornographique'. C'est édifiant.
Le travail de JCM forme un tout assez cohérent. Il place les Lumières aux sources du libéralisme mais passe sous silence le rôle clé de la Franc Maçonnerie dans la lutte contre les institutions de l’Ancien Régime, l’Église catholique (et sa morale) et l’érection de la République… pour ne parler que de ça. Il est vrai qu’il y a des choses qu’on ne peut plus dire en France de nos jours sans risquer de gros problèmes. On ne peut pas tenir rigueur à l’auteur de rester prudent. [Références de base du champ bibliographique volontairement ignoré par JCM : A. Cloots, 1792; J. Robinson, 1798; H. Delassus, 1910; P. Hillard, 2017. Lire demande du temps]
D'autres miscellanées
SDO Solar Dynamics Observatory : L'observatoire dynamique solaire de la NASA. AIA signifie 'atmospheric imaging assembly', technique qui fournit des images du soleil dans l'ultraviolet lointain. La fiche Wikipedia du SDO est assez complète sur le sujet. Ici, une extraordinaire vidéo de l’éclipse solaire du 7/3/2019.
LRO Lunar Reconnaissance Orbiter. (NASA) Vidéo des phases de la lune en 2018 : https://youtu.be/5Om7NbfUC6Y
Parlement juif européen fondé le 16 février 2012 par l'oligarque ukrainien Igor kolomoisky . 120 membres. En fait, il compte des représentants extérieurs à l'UE dans les locaux de laquelle il se réunit. C'est lourd de signification sur l'importance et le rôle de cette communauté au niveau des instances européennes. Pour tout savoir, Google : parlement juif européen.
La nouvelle guerre froide : Overextending and Unbalancing Russia. J. Dobbins et al. Rand Corporation. 2019. https://www.rand.org/pubs/research_briefs/RB10014.html ou pdf : https://www.rand.org/content/dam/rand/pubs/research_briefs/RB10000/RB10014/RAND_RB10014.pdf (12 pages). Le but ultime des USA demeure le contrôle de la Russie (ce qui a failli marcher sous Eltsine). Plus ancien : le rapport Breelove de 2016 : https://www.ifri.org/en/publications/publications-ifri/chapitres-douvrages-ifri/hybrid-warfare-strategic-spectrum-historical
Holographie. Réalisation d'hologrammes avec de petits moyens dans le cadre de l'enseignement secondaire : https://www.j3ea.org/articles/j3ea/pdf/2010/01/j3ea10019.pdf (P. Escarguel, PIIM, CNRS). pdf. 4 pages. Dans le même domaine, quelques ressources pour amateurs éclairés : holography forum (en anglais).
Définition. DSLR Digital Single Lens Reflex : appareil photographique numérique de type reflex mono-objectif utilisant un capteur numérique de grande taille
Google Map étrange : La mine de Kalgoorlie, Australie : -30.7778, 121.5054. Les navires coulés de Bassorah, Irak : 30.4682, 467.9389. Le triangle de Maricopa, Arizona : 33.7451, -112.6336. Le camp de Zaatari, Jordanie et sa ville arabe reconstituée : 32.2940, 36.3294.
Globalisme et psychopathologie. Article de Brandon Smith publié sur Alt.Market.com, traduit et publié en français sur le site du Saker francophone. Proche des idées d'Andrew Lobaczewski dans son 'ponérologie politique'. Attention ! Ponérologie, et non pas polémologie ! Lobaczewski parle de pathocratie.
Un article fort intéressant; on déplore néanmoins le ton martialement complotiste du dernier paragraphe.
RépondreSupprimerLe problème c'est justement ça ! Dès qu'on dépasse une certaine ligne jaune, ça fait "tuuuut !". Donc mieux vaut laisser le lecteur curieux (et pas trop paresseux) se démerder et l'inciter à trouver tout seul les bonnes sources. Michéa a déjà senti le vent du boulet lorsque le FN a essayé de le récupérer.
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