Sodoma

 

Notes de lecture.
Pour qui s'intéresse à l’Église, le livre de Frédéric Martel provoque un choc. Si l'ouvrage n'était qu'un mauvais pamphlet, il serait judicieux de l'ignorer. Malheureusement, ce n'est pas le cas. Ce gros bouquin (632 pages) est plutôt bien écrit et ses informations ont été massivement acquises lors des multiples entretiens de l'auteur avec des membres influents de la hiérarchie catholique. S'il ne contient aucune note interne, l'auteur laisse en libre accès celles qu'il a mises en forme sur son site Internet www.sodoma.fr ; un gros fichier d'informations classées par ordre alphabétique, 300 pages paraît-il, ce qui représenterait un pavé de près de 1000 pages si tout avait été mis par écrit.

Si on fait soi-même des recherches par mot-clé sur le web -ce qui est utile pour glaner l'information iconographique- on peut recouper et vérifier au passage la validité du texte. Tout est vrai malheureusement. L'auteur -tel qu'il se présente- est un homophile catho d'origine ayant perdu la foi à 13 ans, il se dit non anticlérical. Il a collaboré un certain temps à la revue Esprit. J'ajouterai que si une figure positive émerge tout au long du livre, c'est bien celle du pape François. Voilà pour la forme.

Sur le fond, Martel structure son exposé autour de 14 règles (les règles de Sodoma) qui régissent ce milieu bien caché. Si l'on voulait résumer l'ouvrage, il suffirait d'énoncer ces règles. Voyez pp. 25, 27, 53, 61, 82, 117, 150, 156, 200, 209, 357, 451, 609 et 611 ; elles sont surlignées en italique.
Pour me limiter à l'essentiel des thèses exposées : le sacerdoce a longtemps été l'échappatoire idéal pour les jeunes homosexuels. L'homosexualité est l'une des clés de leur vocation (I). L'homosexualité s'étend à mesure  que l'on s'approche du saint des saints ; il y a de plus en plus d'homosexuels lorsqu'on monte dans la hiérarchie catholique. Dans le collège cardinalice et au Vatican, le processus préférentiel est abouti : l'homosexualité devient la règle, l'hétérosexualité l'exception (II). Et celle-ci (IV) : plus un prélat est pro-gay, moins il est susceptible d'être gay ; plus un prélat est homophobe, plus il y a de probabilité qu'il soit homosexuel !

Le lien fort entre homophobie doctrinale déclarée et homosexualité cachée est bien établi. Martel ne dénonce pas l'homosexualité des religieux (il est homophile), mais leur hypocrisie -pour ne pas parler de schizophrénie à ce niveau- qui les amène à dénoncer ce qu'ils sont !
Dans son enquête, l'auteur est amené à s’intéresser à des personnages bien sulfureux qui ont fait parti un jour ou l'autre de l'entourage papal. C'est notamment les cas de Pio Laghi, Angelo Sodano (authentique fasciste, ami de Pinochet), Fernando Karadima, Marcial Maciel, Lopez Trujillo, Rouco Varela et Tarcisio Bertone pour ne parler que des plus visibles. Les recherches associées sur Google confirment la nature douteuse de ces gens parfois vautrés dans le sexe, le pouvoir et l'argent. La démission de Benoît XVI semble une conséquence des dérives qui ont touché l’Église à cette époque et la reconnaissance de son incapacité à y remédier. Le pape François qui a découvert l'ampleur du désastre a commencé à mettre bon ordre dans les aspects les plus voyants du 'cercle de luxure' avec intelligence et courage.

Les maltraitances sexuelles et autres dérives pédophiles qui défraient la chronique  judiciaire (et qui touchent essentiellement des garçons, notons le) ont un lien indirect avec ce milieu, son goût du secret et sa vulnérabilité au chantage mais ce n'est pas vraiment le sujet de Sodoma.

On ne pourra empêcher que ce livre soit utilisé comme arme offensive contre l’Église, mais la vulnérabilité de celle-ci est d'abord constituée par ses maux internes. Ceux-ci doivent être reconnus pour être soignés et guéris. On ne peut pas tenir sérieusement un discours homophobe si on n'est pas clair soi-même là dessus. Le « faites ce que je dis, mais pas ce que je fais » ne peut jamais marcher bien longtemps.

Commentaire du commentaire.
En occident, nous sommes passés en quelques dizaines d'années de la répression de l'homosexualité à la répression de l'homophobie. Ce basculement d'une rapidité inédite dans l'histoire est vraiment étonnant ! Si l'homosexualité latente trouvait autrefois un débouché honorable dans le sacerdoce, cette solution n'a plus raison d'être aujourd'hui. Parallèlement, le statut du discours homophobe est également passé de légitime à illégal : l'idée même d'interdire le sacerdoce aux homosexuels latents afin d'assainir la situation pourrait être déclarée illégale et condamnable au nom de la lutte contre les discriminations ! On n'en est pas là, mais l'idée est cohérente dans le nouveau contexte.

Martel suggère que la légitimation de l'homosexualité est un facteur parmi d'autres concourant à la baisse des vocations religieuses : à quoi bon se cacher dans l’Église en  effet si on peut désormais s'épanouir en dehors ?
Ce basculement anthropologique brutal n'est pas anodin. Il est une des sept têtes de l'hydre mondialiste (avec le féminisme, l'anti-racisme, l'anti-nationalisme, le sionisme, l’immigrationnisme et l'anti-fascisme). Il accompagne le féminisme dans la destruction des structures familiales traditionnelles. S'il contribue aussi par ricochet à l'affaiblissement de l’Église en délégitimant son discours officiel alors c'est pain bénit pour ses opposants (si l'on peut dire).

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Autres miscellanées 
Réchauffement climatique et effet de serre. Une autre théorie : New Insights on the Physical Nature of the Atmospheric Greenhouse Effect Deduced from an Empirical Planetary Temperature Model by Ned Nikolov and Karl Zeller in Environment Pollution and Climate Change (2017).
Article grand public en français : La découverte climatique de Zeller-Nikolov pourrait bouleverser le monde in 'La Terre du futur'.